Luciella Campi
Une réflexion sur la spiritualité méricienne commence à partir de l’humus historique du XVIe siècle, dans lequel Angèle Merici (1474-1540) a trouvé la nourriture pour sa propre expérience spirituelle. C’est une période caractérisée par la diffusion de mouvements spirituels destinés à la réforme de l’Église et par la naissance de nouveaux instituts religieux, grâce à l’initiative de laïcs et de clercs qui cherchaient un chemin de perfection adapté aux temps modernes.
Dès sa jeunesse, Angèle avait conscience d’être appelée par Dieu à "une entreprise d’une telle importance qu’il ne pourrait y en avoir de plus grande", mais pendant quarante années elle se demandait ce que le Seigneur voulait d’elle, et cela jusqu’à la fondation de la Compagnie de Sainte Ursule en 1535, quelques années avant sa mort.
À partir de "l’élection" d’Angèle, notre réflexion peut identifier "la voie nouvelle", c’est-à-dire les traits spécifiques de la spiritualité méricienne : perception des changements en cours dans la vie consacrée féminine, qui nécessite une réforme et de nouvelles propositions plus respectueuses de la dignité de la femme ; amour pour la "Sainte Mère Église" menacée par la mondanité, mais néanmoins sacrement du salut instituée par le Seigneur ; surtout, une dimension christologique, qui se traduit par la suite radicale du Christ et de son Évangile sine glossa. Le modèle de "la voie nouvelle " se trouve dans la communauté chrétienne des origines, telle qu’elle est décrite dans les Actes des Apôtres (2,42-47; 4,32) et mise en parallèle avec la vie d’Angèle et avec son enseignement dans la Règle, les Avis et le Testament.
Ensuite nous pouvons tenir compte d’autres aspects novateurs de la spiritualité méricienne: une nouvelle façon de vivre les conseils évangéliques et de gouverner la famille spirituelle. Angèle donne une réponse géniale et prophétique à la nécessité de valoriser la liberté et la responsabilité personnelle de femmes appelées à vivre leur consécration dans le monde. Elles n’ont pas besoin de beaucoup de règles pour rechercher la perfection évangélique: ce qui est essentiel, c’est la docilité à l’Esprit Saint et le soin de sa propre vie intérieure, afin que, par pure grâce, elle soit de plus en plus conforme au Christ "l’Époux, celui qui nous aime", dans l’attente des "fêtes joyeuses et nouvelles du Ciel, ces triomphes bienheureux et éternels". En définissant le gouvernement de la Compagnie, Angèle abonde d’enseignement pour celles qui ont le rôle de "mères" à différents niveaux. Le gouvernement est "spirituel": c’est une empreinte de l’amour de Dieu Lui-même pour ses enfants. C’est un don et un service, une maternité qui s’exprime dans les nombreuses formes de relations quotidiennes.
L’analyse de la spiritualité méricienne se termine par une référence au tableau de Françoise Gilot, "Gardiens du seuil". Angèle elle-même a été une gardienne de la vie, de la dignité des femmes et des valeurs évangéliques qui ont la force de renouveler à chaque époque l’Église et le monde entier.
23 febbraio 2013
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Link: écrit intégral en italien, avec des notes
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